Critique de Michel Perloff france italie

"Les oeuvres d’Imelda Bassanello sont un événement vital pour le passant, celui qui s’arrête et voit ! Elles donnent vie aux choses qu’elles touchent, et par là-même aux humains, toujours au contact des choses.
S’il nous fallait inventer une clé pour leur lecture, nous dirions que celle-ci serait double. Elle ouvrirait le regard sur l’œuvre singulière et simultanément donnerait accès à une vision plus ample, à l’échelle des lieux. Elle permettrait ainsi d’amplifier d’emblée l’horizon de notre compréhension.
Chaque œuvre, tableau sur une paroi ou sculpture campée sur le sol, est en elle-même source d’une pure émotion, susceptible d’étancher la soif de vivre du passant, le libérant des limbes du quotidien. N’est-ce pas la vocation de l’art ? Provoquer l’étonnement et la fraîcheur d’un réveil dans la lumière de la lucidité. 
Le regard caresse la peau rugueuse du bois imprégnée de couleurs et la surface douce de la terre cuite insérée parfois dans les fibres. Les figures nous parlent, intensifiant l’échange, yeux perçants, mains caressantes, rythme musical. Toucher ne serait-il pas ici un mot essentiel ?
Un magnifique verbe latin, « mulceo », exprimait aussi bien la sensation du toucher léger, de la caresse, de l’apaisement. La matière des œuvres d’Imelda touche l’observateur au propre comme au figuré, et l’apaise. Et dans l’apaisement de l’âme s’ouvrent les yeux, fleurissent les pensées. Voilà la chance de la source d’un mot antique!
Et serait-ce magie ? La main de l’artiste illumine l’espace alentour et crée des lieux. Les œuvres chuchotent entre elles et font chuchoter les choses, éveillent les murs, les rues, les places, leur confèrent une existence toujours nouvelle tout en rendant un hommage discret à l’existant. Et ces lieux, le passant les vit alors d’autant plus que frémit son imaginaire, avide de l’horizon inconnu des choses. Ni décor ni publicité, nul calcul, mais pureté, vérité, l’artiste laisse entrevoir l’essentiel.
Et les lieux qu’elle anime ouvrent ainsi des espaces de rencontre avec les autres.. "

Michel Perloff